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Droit des personnes Droit des personnes

Les troubles de voisinage

publié le 14 janvier 2012   |   Licence Creative Commons
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I. DÉFINITION

Il existe des inconvénients nombreux de voisinage qu'il convient de supporter et qui font partie de la vie en société (pleurs d'enfants, chants de coqs, instruments de musique, etc).

Si ces inconvénients dépassent une certaine limite, ils deviennent des troubles anormaux de voisinage susceptibles d'être sanctionnés, même si leur auteur ne les créée pas intentionnellement.

La loi réglemente en effet certains troubles de voisinage. Plus généralement, ce sont les tribunaux qui apprécient, au cas par cas, en fonction de certains critères qui vont être développés ci-après.

- La répétition et l'intensité
- L'endroit
- Le moment

La répétition et l'intensité

Un bruit ou une odeur peu fréquente ou faible n'est pas un trouble de voisinage.

S'il est répété et/ou intense, il peut être alors qualifié par les tribunaux d'inconvénient anormal de voisinage.

L'endroit

Un trouble normal en centre ville pourra être considéré comme excessif, dans un quartier calme.

Toutefois, les dommages causés aux occupants d'un bâtiment par des nuisances dues à des activités agricoles, industrielles, artisanales ou commerciales, n'entraînent pas droit à réparation lorsque le permis de construire afférent au bâtiment exposé à ces nuisances, a été demandé postérieurement, et dés lors que ces activités s'exercent en conformité avec les dispositions législatives ou réglementaires en vigueur, et qu'elles sont poursuivies dans ces mêmes conditions (Article L112-16 du Code de la Construction).

D'une manière générale toute personne qui achète un bien en ayant connaissance de l'existence de nuisances, a accepté un risque et ne peut pas faire un recours par la suite.


Le moment

Un bruit  qui sera jugé normal de jour, peut devenir anormal la nuit.

Nous allons distinguer trois types courants de nuisances de voisinage, à savoir le bruit, les animaux et les odeurs, et nous terminerons par le règlement de ces troubles de voisinage.


II. Trois Types de nuisances courantes (bruits, animaux, odeurs)


A. Le bruit

C'est le Code de la Santé Publique (Articles R1334-30 à R1334-37) qui dispose que sera puni d'une amende, toute personne qui, dans un lieu public ou privé, aura été à l'origine d'un bruit particulier de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l'homme, par sa durée, par sa répétition ou son intensité.

De même si le bruit a été émis par une personne ou une chose dont il a la garde, ou par un animal placé sous sa responsabilité.

Le bruit sera sanctionné, sans qu'il soit besoin de le mesurer s'il est répétitif, durable et intensif, le jour comme la nuit.

Si le bruit trouve son origine dans une activité professionnelle, culturelle, sportive ou de loisir, il est sanctionné pénalement, c'est-à-dire par une amende, si l'émergence de ce bruit est supérieure à des valeurs autorisées par décret.

L'infraction dans ce cas est constatée par la mesure du bruit qui peut être faite par un des bureaux municipal d'hygiène de la mairie dont vous dépendez. Ce service est d'ailleurs gratuit.


1° - Bruits de la vie courante


Si votre voisin vous gêne par des bruits de pas, de déplacement de meubles, d'éclats de voix, vous n'aurez de recours que dans des cas bien limités, à savoir, en fonction de l'intensité et de la répétition et en fonction des heures de la journée.


Musique et appareils audio-visuels : la pratique d'un instrument de musique peut être source de troubles de voisinage. Ce trouble s'apprécie en fonction du type d'instrument (batterie, piano, etc), du nombre d'heures par jour, de l'horaire, etc.

De même les niveaux sonores de la télévision ou de la chaîne hifi ne doivent pas dépasser un seuil normal de tolérance.


Climatisation : dans certaines grandes villes, les installations de climatisation sont interdites, côté voie publique.

Côté cour ou jardin, vous devez avoir l'autorisation de votre copropriété, s'il s'agit d'un immeuble dans lequel vous vivez.

Dans tous les cas, et après autorisation de la copropriété, vous ne devez pas causer de gênes à vos voisins, en raison de l'intensité sonore du climatiseur.


2° - Activités professionnelles

Un arrêté préfectoral de votre département réglemente le bruit engendré par les activités professionnelles (entreprises, commerces, artisans, etc).

Toute personne utilisant, dans le cadre de ses activités professionnelles, à l'intérieur de locaux ou en plein air, sur la voie publique ou dans des propriétés privées, des outils, appareils ou équipements de quelque nature  que ce soit, susceptibles de causer une gêne pour le voisinage en raison de leur intensité, ou de leur vibration, doit interrompre ses travaux entre 20 heures et 8 heures, et toute la journée les dimanches et jours féries, sauf en cas d'intervention d'urgence.


3° - Bricolage, jardinage et entretien

Par le même arrêté préfectoral de votre département, les travaux tels ceux de bricolage, de jardinage ou d'entretien réalisés par des particuliers à l'aide d'outils ou d'appareils susceptibles de causer un gêne pour le voisinage, en raison de leur intensité sonore (tronçonneuse, tondeuse, perceuse, raboteuse), ainsi que les travaux de réparation ou de réglage de moteur, ne peuvent être effectués que :

de 8h00 à 12h00, et de 14h00 à 20h00 du lundi au samedi inclus.
de 9h00 à 12h00, les dimanches et jours fériés.

Si vous vivez en lotissement ou en copropriété, c'est le règlement de copropriété ou le cahier des charges qui peut fixer des obligations plus restrictives, à celles définies par les arrêtés préfectoraux du département dont vous dépendez.


4° - Véhicules automobiles

Ils ne doivent pas émettre de bruits susceptibles de causer une gêne aux usager de la route ou aux riverains. Notamment, les moteurs doivent être munis d'un dispositif d'échappement silencieux, en bon état de fonctionnement. L'échappement libre est interdit ainsi que toute opération tendant à supprimer ou à réduire l'efficacité du dispositif d'échappement silencieux.


B. Les animaux

1° -  Animaux dans les immeubles

Un propriétaire ne peut interdire à un locataire d'avoir un animal familier, dans la mesure où l'animal ne cause aucun dégât à l'immeuble ni aucun trouble de jouissance, bruit ou odeur, aux occupants de celui-ci.

Cette règle s'applique quel que soit le régime locatif (loi du 6 juillet 1989, loi du 1er septembre 1948 – locations meublées).

Par contre, le propriétaire peut interdire au locataire d'avoir un chien d'attaque (article 3, loi du 7 janvier 1999).

A savoir que toute clause de règlement de copropriété interdisant d'avoir un animal familier dans un appartement est réputée nulle, sauf celle interdisant les chiens d'attaque.

Un bailleur ou un copropriétaire peut saisir le Maire en cas de dangerosité d'un chien.

Le Maire pourra le faire placer dans un centre dont les frais seront à la charge du propriétaire du chien.

Au bout de huit jours, il peut ordonner qu'il soit abattu, si le propriétaire ne le réclame pas ou s'il ne se conforme pas aux prescriptions de sécurité.

Dans les parties communes d'un immeuble collectif, les chiens d'attaque, de garde ou de défense, doivent être muselés et tenus en laisse par une personne majeure.

Les chiens d'attaque ne peuvent stationner dans les parties communes d'un immeuble collectif.

Les personnes âgées qui ont un animal familier peuvent être autorisées à le garder avec elle dans les maisons de retraite, dans la mesure où ils ne créent pas une contrainte anormale pour le personnel, et où ils ne gêneront pas la tranquillité des autres résidents.


2° -  Animaux dans les lieux publics

Les chiens d'attaque sont interdits dans les transports en commun, même muselés, les lieux publics, en dehors de la voie publique, et les locaux ouverts au public.

Sur la voie publique, ces chiens doivent être muselés, et tenus en laisse par une personne majeure.

Les chiens de garde et de défense doivent être muselés et tenus en laisse par une personne majeure, sur la voie publique, dans les transports en commun et les locaux ouverts au public.

L'accès des aires de jeux et de bacs à sable est interdit aux animaux.


Animaux et dommages : le propriétaire d'un animal est responsable des dommages que l'animal peut causer (article 1385 du Code Civil), morsures de chiens, dégradations de jardin du voisin, etc.

Le propriétaire d'une animal ou celui qui en a la garde est responsable du dommage que l'animal a cause, soit que l'animal soit sous sa surveillance, soit qu'il fut égaré ou échappé.

Il convient donc de faire assurer son animal dans le cadre d'une assurance multi-risques habitation contre de tels risques.

S'il s'agit d'un animal réputé dangereux (chiens de garde ou de défense), il faut demander à votre assureur une extension de garantie.

En cas de dommages matériels ou corporels causés à une personne, il convient de faire une déclaration à votre assurance pour mettre en jeu la garantie responsabilité civile.

Si votre chien attaque, poursuit des passants sur la voie publique, vous risquez une amende, même s'il n'a causé aucun dommage (article R623-3 du Code Pénal).


C.  Les odeurs

Tout professionnel doit posséder des installations nécessaires pour éviter des odeurs (évacuation de fumée, ventilation, etc) afin de ne pas nuire au voisinage de manière excessive.

Vous devez tolérer les odeurs de barbecue de votre voisin, si elles sont épisodiques.

Par contre, ce dernier ne doit pas vous occasionner des dommages, par exemple, noircissement de votre façade dû au barbecue excessif en période estivale.

Dans un immeuble, vérifiez si votre règlement de copropriété interdit l'utilisation des barbecues.

Enfin, en copropriété, vous n'avez pas le droit de brancher de hôte aspirante sur le conduit d'évacuation de l'immeuble.


III.  Le reglement des troubles de voisinage


A. La phase amiable

Quel que soit le trouble de voisinage, essayez en premier lieu, de rencontrer l'auteur du trouble avant que le problème ne prenne des proportions démesurées. Si cette tentative échoue, il convient de lui adresser une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, pour faire cesser le trouble.

L'intervention du Commissariat de Police ou de la Gendarmerie

Certains troubles constituent une infraction, punis par le Code Pénal, par une amende (bruits, dégradations, etc).

Vous pouvez porter plainte auprès du Commissariat de police de votre quartier ou de la Gendarmerie qui éventuellement convoquera votre voisin.

Dans les cas les plus graves, le Commissariat peut transmettre la plainte au Procureur de la République.

Vous pouvez aussi écrire directement au Procureur de la République.

Les démarches administratives

Vous pouvez aussi écrire au bureau municipal d'hygiène et de la santé de votre mairie pour vous plaindre des nuisances, des bruits et des odeurs.

Ce bureau viendra constater la nuisance, mesurera éventuellement l'intensité du bruit et dressera un procès-verbal.

Si le trouble est réel, il enverra une mise en demeure à l'auteur du trouble.

Selon le cas, ces différentes actions peuvent être menées parallèlement.

Les antennes juridiques et de médiation

Vous pouvez faire appel à un médiateur, si votre voisin en est d'accord aux fins de trouver une solution d'apaisement.

Le médiateur convoquera votre voisin et vous-même aux fins de trouver une solution.

La tentative de conciliation ne peut avoir lieu que si les deux parties sont présentes. Si une solution est trouvée, le conciliateur dressera un procès-verbal signé par les deux parties. S'il n'y a pas d'accord, seul un juge peut trancher le litige.
 

B. La phase judiciaire

En cas d'échec des démarches amiables, vous devez engager une action devant les tribunaux.

Au préalable, vous devez réunir un maximum de preuves et il est parfois difficile de réunir ces preuves du trouble que l'on subit.

Le procès pénal

La justice pénale ne peut être saisie que si le trouble de voisinage constitue une infraction.

Comment saisir le tribunal ?

Soit le Commissariat de Police transmet votre plainte au Procureur de la République, après enquête, soit vous portez plainte en écrivant directement au Procureur de la République, en joignant toutes les preuves du trouble que vous subissez.

Que devient la plainte ?

Soit le Procureur de la République décide de ne pas donner suite à votre plainte, soit il poursuit l'auteur du trouble.

Dans ce dernier cas, celui-ci sera convoqué devant le Tribunal de Police ou le Tribunal Correctionnel ou devant le délégué du Procureur, selon la gravité.

Vous serez également convoqué à l'audience, où vous pourrez demander des dommages et intérêts en vous portant partie civile.

L'assistance d'un avocat n'est pas obligatoire pour la partie civile, mais recommandée.

Le procès civil

Les problèmes de voisinage font partie au niveau des tribunaux des petits litiges puisque les demandes de dommages et intérêts ne dépassent pas en général 10.000 €.

Ces litiges relèvent du Juge de Proximité qui dépend du Tribunal d'Instance.

L'assistance d'un avocat n'est pas obligatoire devant cette juridiction, mais votre dossier doit être bien constitué, car votre adversaire peut se faire défendre par un avocat.

Le Juge apprécie si le trouble est normal ou anormal au vu des éléments du dossier, et selon certains critères qui font qu'un même trouble peut être jugé normal dans certaines circonstances, et  anormal dans d'autres.

Le Juge apprécie au cas par cas, en fonction d'un certain nombre de critères :

l'endroit (ville ou campagne, zone industrielle)
le moment du trouble (journée ou nuit)
la répétition
l'intensité

Que peut faire le Juge ?
Ordonner la cessation totale du trouble,
Ordonner des travaux pour limiter le trouble (insonorisation, etc)
Ordonner le déplacement de l'objet du trouble (climatiseur, etc)
Condamner l'auteur du trouble au versement de dommages et intérêts

Le Juge dans ces cas apprécie souverainement et un même problème peut aboutir à une décision différente d'une juridiction à l'autre.


Attention, les auteurs de nuisances diurnes et nocturnes sont passibles de 69 Euros d'amende par infraction constatée, si l'infraction est verbalisée par les services de Police plusieurs fois le même jour l'amende se multiplie autant de fois qu'elle est constatée.






 





 

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